La Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) et ses partenaires ont lancé en 2017 le premier Baromètre des villes cyclables : “Parlons Vélo”. Les 113 009 réponses obtenues montrent le formidable besoin des cyclistes de s’exprimer sur leurs conditions de circulation à vélo, qui doivent être fortement améliorées.
Les résultats détaillés sur les 312 réponses obtenues sur Laval sont diffusés ici.
A noter que dans sa tranche (50000 à 100000 habitants), Laval figure en 13ème position sur 122 en termes de nombre de répondants (alors que c’est une des plus petites de sa tranche). Ramené à la population, Laval est 6ème de sa catégorie (environ 6,2 réponses pour 1000 habitants). Cela donne un poids statistiques important aux réponses qui sont fournies.
Les réponses aux 2 questions ouvertes du questionnaire ont été transmises par la FUB à l’association Place au Vélo (relais local de la FUB) et ces réponses ont fait l’objet d’une analyse.
Les deux questions ouvertes étaient les suivantes :
Quel est l’endroit le plus problématique pour les vélos dans ma ville ? (240 répondants)
Et
Avez-vous des commentaires à ajouter sur la situation de l’usage du vélo dans votre ville ? (128 répondants)
Ces réponses ont fait l’objet d’une analyse macroscopique afin de les classer par thèmes, les réponses pouvant évoquer de 1 à 4 thèmes (items).
1. Les points noirs
240 répondants, 310 items relevés
1.1 Centre-ville : 135 (56%)
- Place du 11 novembre et axes avoisinants (rue du Général de Gaulle, pont de l’Europe au vieux pont, rue de la Paix et autour)
Auxquels s’ajoutent spécifiquement des commentaires sur : vieux pont (9 – 4%).
1.2 Grands axes : 128 (53%)
- Tous les axes structurants de la ville, de la rocade aux axes principaux pénétrants (Le Pecq, Bretagne, Tours, Avesnières, Trappistines, Le Basser, Murat, Pritz, etc)
Dont spécifiquement des commentaires sur : rue de Bretagne (11 – 5%), accès aux communes périphériques (5 – 2%), l’absence de rampe sur la passerelle gare (2 – 1%) et autres axes (3 – 1%) et des commentaires sur le manque d’aménagements cyclables en général (7 – 3%) et leur entretien (5 – 2%).
1.3 Carrefours/Rond points : 17 (7%)
- Commentaires généraux sur les carrefours et les ronds-points utilisés par les cyclistes, en centre-ville ou périphérie.
Dont des commentaires sur les manques de continuité des aménagements (3 – 1%)
1.4 Respect des zones cyclables/des cyclistes : 15 (6%)
- En particulier commentaires sur les dépassements dangereux, les refus de priorité, le stationnement ou la circulation sur les aménagements cyclables, et un sentiment de dangers par certains cyclistes qui utilisent les doubles sens vélos.
En conclusion, pas de grosses surprises : l’aménagement du centre-ville est jugé prioritaire, probablement par une réduction de la place de la voiture et de sa vitesse, puis par des aménagements sur tous les grands axes de la ville pour que le cycliste s’y sente en sécurité (privilégiant pistes cyclables sur les bandes jugées peu respectées) et en prêtant attention au traitement des carrefours/ronds-points. |
2. Les Commentaires libres
128 répondants, 180 items relevés
2.1 Peu d’aménagements vélos : 74 (58%)
- Un grand nombre de commentaires pointent l’insuffisance des aménagements cyclables à Laval, leur continuité aléatoire, les bandes qui sont jugées moins sécurisantes que les pistes. Les interrogés réclament un plan d’aménagement cyclable important dans les années à venir.
Dont notamment: leur entretien négligé (9 – 7%), le manque de stationnement adéquat (6 – 5%) et des retours contrastés sur les vélituls et leur variante électriques (5 positifs – 4% et 3 négatifs – 2%)
2.2 Peur/Danger/Tolérance/Respect : 44 (34%)
- 2 sous-thèmes connexes arrivent à peu près à égalité: d’une part une forme de peur ou de danger ressenti ou réel (23 – 18%) et d’autre part une demande de tolérance et de respect de la part des autres utilisateurs de la voie publique (principalement des automobilistes, et dans une moindre mesure des chauffeurs de bus) (21 – 16%) des cyclistes.
Sont pointés particulièrement l’impossibilité d’utiliser son vélo sur la voie publique par crainte des véhicules motorisés, notamment pour les enfants ou les personnes âgées ou dans les montées, avec un recours à l’utilisation du trottoir pour de nombreux répondants malgré le fait que la plupart disent être conscients que ce n’est pas une bonne solution mais cet usage est ressenti comme un “instinct de survie”. La peur est souvent mentionnée comme une raison de ne pas utiliser son vélo malgré l’envie que l’on en a, que ce soit pour soi-même ou pour ses proches/son entourage. Les commentaires réclament souvent un respect significativement plus élevé de la part des conducteurs des véhicules motorisés (lors des dépassements ou croisements notamment) et pointent la nécessité d’une communication à ce sujet auprès des automobilistes, voire de sanctions.
2.3 Promotion du vélo : 42 (33%)
- Un tiers environ des commentaires incitent à une action important de promotion de l’usage du vélo afin qu’une image positive soit véhiculée à son sujet, image qui serait actuellement reléguée au seul loisir. Beaucoup notent l’absence ou la faiblesse de la volonté politique de la mairie en faveur du vélo et de son usage (peu de communication allant avec peu de moyens). Une impression revient souvent: on ne voit pas souvent les élus à vélo (et si ils le faisaient, selon les commentaires, ils s’apercevraient des nécessités criantes). Un certain nombre indiquent explicitement la nécessité de réduire la place de la voiture, d’une prise de conscience nécessaire, ou le fait que la ville soit conçue que pour la voiture (17 – 13%). Quelques-uns indiquent qu’un axe prioritaire serait de former les générations futures en rendant l’accès aux écoles/collèges/lycées cyclables et sécurisés.
Une bonne partie de ces commentaires mettent en avant l’action des associations (et notamment de Place au Vélo) et la concertation avec les élus qui portent leurs fruits pour promouvoir l’usage du vélo même si beaucoup de chemin reste à faire.
2.4 Progrès notés : 8 (6%)
- Un petit nombre de commentaires pointent cependant une amélioration de la situation ces dernières années en indiquant des progrès significatifs.
Sans pour autant dire que tout est parfait (les exemples de Nantes, Strasbourg pour ne citer que quelques villes françaises citées, montrent qu’il reste encore des progrès à faire), et même si il reste faible, le nombre de commentaires indiquant une note positive au moins partiellement est significatif (vu le panel consulté).
En conclusion, les commentaires montrent que l’action de l’association ces dernières années est en phase avec l’attendu. Ils demandent unanimement de “passer à la vitesse supérieure” (changer de braquet en jargon cycliste !) pour ce qui est des aménagements, tout en pointant que l’insécurité réelle ou ressentie du cycliste qui seraient les deux freins majeurs à l’augmentation (jugée très souvent nécessaire, souhaitable voire indispensable) de l’usage du vélo. En parallèle, une promotion de cet usage, notamment venant des pouvoirs publics (en l’occurrence de la mairie et éventuellement de l’agglo) est également jugée nécessaire, notamment pour “montrer l’exemple”. “Le vélo électrique (ou non), l’essayer c’est l’adopter”, c’est bien de le dire… le faire serait mieux encore ! |
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